vendredi 14 octobre 2011

SMP et officines d’espionnages étrangères en Algérie: Le grand chamboulement!

Peu de gens le savent, des entreprises filiales de sociétés militaires privées (SMP) ou de d'officines d’intelligence économique, opèrent en toute légalité en Algérie et ont même pignon sur rue, mieux, la plupart d'entre-elles ne se sont même pas donné la peine de changer de nom.
Pourtant, l'activité de sécurité est sensé être très sévèrement encadrée et réglementée. Il est quasi impossible pour le quidam d'obtenir un agrément de gardiennage ou de transport de fond, pire, il est quasi impossible pour les sociétés de gardiennage détenues par des Algériens de s'allier avec entreprises internationales. Une importante entreprise de gardiennage attend depuis plusieurs années l'autorisation de bénéficier de l'expérience de la Brink's dans le transport de fond.

Comment font ces officines de renseignement pour opérer en Algérie? Simplement en négociant ses contrats à l'étranger avec les multinationales concernées, puis encore plus simplement ouvrir un bureau de "liaison" ou de "logistique" en déclarant uniquement gérer les parcs automobiles des grand groupes étrangers installés en Algérie.
Mais en sur le terrain, les "missionnaires" de ces entreprises se transforment en véritables officiers de sécurité et de renseignement, transmettent des bulletins de renseignements périodiques vers l'étrangers, supervisent les escortes des convois, gèrent la sécurité des sites avec les services de sécurité et sont sensés à tout moment organiser l'évacuation des expatriés ou à négocier des libérations d'otages . 
Jusque là rien de bien grave, il reste que bon nombre de ces entreprises ont un passé douteux et sont mêlées à des scandales au niveau de leurs pays respectifs ou en Afrique/Moyen Orient.
Geos par le biais de son ancien directeur pour l'Algérie (Michel Luc), avait été soupçonnée d'avoir mené l'enquête pour le compte de Renault à partir d'Alger, lors de la célèbre affaire d'espionnage qui avait secouée la marque au losange. Même si après vérification l'acte avait été uniquement imputé à Michel Luc, il reste que cela aurait du alerter les officiels Algériens.






Geos quitterait l'Algérie


Elles s'appellent Amarante, Geos, Risk & Co, Salamandre et elles ont toutes des points communs qui sont: leur origines françaises, le fait que leurs créateurs sont d'anciennes barbouzes et qu'elles ont toutes ou presque vu le jour lors d'une décennie noir pour les uns et dorées pour les autres. 
L'une de ces entreprise, Geos en l’occurrence, qui gère la sécurité des travaux des chantiers des Tramways d'Alger, Oran et Constantine pour le compte d'Alstom, ainsi que des chantiers de centrales électriques et d'ouvrages d'art, serait sur le départ (les raisons vous seront donnés dans un prochain article qui sera diffusé dans quelque jours). Alstom a déjà remplacé Geos par sa cousine française Amarante International sur le chantier d'Alger et va probablement étendre sa coopération avec Amarante, déjà bien présente en Algérie.


Les Anglo-saxons pas en reste 


Ne pensez-pas que cette activité soit le monopole des nombreuses entreprises françaises bien au contraire, les entreprises anglo-saxonnes ont de belles parts de marché, elles sont très présentes dans l'Oil & Gaz et la production d'énergie. Control Risks étant la plus connue.




Il ne faudrait tout de même pas tomber dans la comparaison facile entre l'activité de ces officines avec celles qui sont déployées en Irak ou en Afghanistan et où elles y mènent une guerre par procuration pour les alliés. Les entreprises de sécurités qui activent en Algérie sont plutôt discrètes, ne sont jamais armées et n'engagent jamais d'actions offensives. Il n'en demeure pas moins qu'elles sont nuisibles pour le pays car en plus d'espionner pour des gouvernements étrangers, elles jouent un rôle actif dans l'empêchement des transferts de technologies et même de savoir-faire.


Et les autorités dans tout ça?


Questionné par un journaliste il y a trois ans, Noureddine Yazid Zerhouni à l'époque Ministre de l'intérieur avait nié catégoriquement l'existence et les activités de ces entreprises. Off the record les officiels concernés vous expliqueront volontiers que si l'activité est tolérée, elle n'en est pas moins très monitorée et surveillée de près par les services concernés. Un indice qui tendrait à confirmer ce point c'est la présence d'honorables anciens de l'ANP et des services au sein de ces entreprises privées. Les SMP activant en Algérie sont donc obligées de se soumettre à ce deal pour pouvoir exercer.


Exercice de travaux pratiques 


Tapez Geos, Amarante, Risk & co, sur google, Viadeo ou Linkedin, vous serez surpris par les qualifications "particulières" et les CV des personnels qui y sont publiés.





4 commentaires:

  1. Merci pour cet article qui lève le voile sur une activité underground. Mais avec les gens aux commandes du pays ça ne risque pas de changer, le risque est énorme pour l'Algérie.

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  2. Fair game.
    Toute societe qui investit dans un bled, ou tout n'est pas tres sur, est en droit d'assurer la securite des ses resources a sa maniere dans les limites que leur permet les autorites.

    Je suis par contre curieux d'en savoir plus sur:
    "elles jouent un rôle actif dans l'empêchement des transferts de technologies et même de savoir-faire". En matiere de securite ou autre chose?? Merci.

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  3. Pour répondre à la question je dirais que certaines SMP se mettent en barrière entre les personnels algériens et expats,ça empêche l'émulation, et en d'autres termes leur présence empêche les nôtres de faire de l'espionnage économique.
    Après, oui je suis d'accord c'est fair game, à nous de faire pareil ailleurs

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  4. "A nous de faire pareil ailleurs"
    J'ai recu la meme reponse sur un autre commentaire au sujet de Fafa.

    Entierement d'accord sur ce point.

    Apparemment, on semble dormir sur nos lauriers par manque de vision. Ou la vision en place ne se limite qu'a certains interets.

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